Evian Thonon Gaillard et plus si affinité ?
Néanmoins, alors que la question de sa réalisation n'a jamais été autant discutée et commentée, il est très difficile de se faire une idée précise sur le lieu d'accueil de cette enceinte.
Entre rumeurs et contradictions, économie et identité, Croix de Savoie Fans vous propose de faire le point de tout ce que vous avez pu entendre et vous révèle les fruits de son enquête sur un sujet déterminant dans l'évolution et la politique de développement du club.
A l'issue de la saison 2009/2010, l'evian Thonon-Gaillard FC accédait pour la première fois de son histoire au deuxième échelon national. Mais avec l'arrivée du professionnalisme, le club allait devoir se soumettre aux nouvelles règles imposées par le championnat de ligue 2. Parmi celles-ci, la réception de ses matches à domicile dans une enceinte répondant aux différentes normes fixées par la fédération ainsi que la ligue de football professionnel. Les Croix de Savoie faisaient donc leurs adieux au stade Moynat de Thonon qui les avait abrités pendant 5 ans, pour rejoindre le parc des sports d'Annecy.
Une solution de dépannage
Car c'est bien de dépannage dont il est question. Pour un investissement d'environ 1 million d'euros, nécessaire à la mise en conformité du parc des sports, la ville d'Annecy et l'evian Thonon-Gaillard FC s'accordent pour un hébergement dans la préfecture Haut Savoyarde lors des 4 saisons à venir. Oui mais voilà, l'option Annécienne était loin d'être la priorité du club, celui-ci regardant plutôt de l'autre coté de la frontière, Genève et son stade de la Praille. Quoiqu'il en soit, après un refus de dernière minute de l'UEFA et de son président Michel Platini, Franck Riboud devait finalement renoncer à la solution qu'il jugeait la plus adaptée, « Accepter que l'on joue à Genève aurait été une décision logique. »
Et dans 4 ans ?
Une fois le bail de 4 années au parc des sports écoulé, le club devrait théoriquement changer une nouvelle fois d'enceinte. Plusieurs hypothèses sont alors envisageables.
Les infrastructures existantes
La mise aux normes du stade Moynat, défendue par le parti Thonon écologie, ne semble pas à l'ordre du jour. En effet, l'accessibilité de l'ancien domicile des Croix de Savoie, situé dans Thonon même, est insuffisante pour accueillir confortablement des milliers de spectateurs, sans perturber profondément le voisinage ainsi que la circulation dans la ville.
Dans quelques une de ses interventions sur la question, Franck Riboud a notamment laissé entendre qu'une des possibilités pour l'ETG serait de continuer à séjourner du coté d'Annecy, en y effectuant des aménagements. Lors de la conférence de presse du 19 Juin dernier, au coté de Jean Luc Rigaut, le PDG de Danone avançait déjà : « Dans 4 ans, c'est peut-être Annecy qui nous demandera de rester », un sous-entendu qui montre bien, non pas son intention de jouer éternellement au parc des sports, mais de laisser une chance à cette option.
Enfin, le stade de la Praille, à Genève. Cette solution, qui a fait beaucoup parler en fin de saison dernière, semble désormais oubliée depuis le refus de l'UEFA. Pourtant, lors de cette même conférence de presse, Franck Riboud s'était montré particulièrement agacé par ce choix, et avait même avoué qu'il continuerait ses efforts pour convaincre Michel Platini, « Je n'ai toujours pas eu de réponses à mes questions et je continuerai d'essayer d'en obtenir ». Par ailleurs, le club s'est engagé auprès de la mairie d'Annecy à rembourser intégralement ce qu'il devait en cas de départ prématuré. Un signe que la piste Genève n'est sans doute pas encore complètement fermée.
Nous voici en revanche devant la première contradiction du dossier stade. Lors de la même conférence de presse, le président d'honneur de l'ETG va émettre l'hypothèse d'un prolongement du bail de 4 saisons, en s'engageant dans le même temps à payer ce qu'il doit si le club venait à partir plus tôt. Les intentions de Franck Riboud ne sont donc pas très claires sur le sujet mais sa volonté semble être d'implanter le club dans le Genevois, la solution Annecy lui permettant alors de se donner du temps pour y parvenir.
La construction d'un nouveau stade
A moins d'un changement radical dans la réglementation, l'ETG ne pourrait pas jouer indéfiniment du coté Helvétique mais simplement avec une dérogation de quelques saisons. Du coup, la pérennité du club passe automatiquement par la construction d'un nouveau stade. Le dossier, confié dans un premier temps à Jean Denais, maire de Thonon, semble alors prendre la direction du Chablais. Néanmoins, durant l'automne 2010, Patrick Trotignon va communiquer les noms de 3 sites jusque là retenus pour accueillir le projet, à savoir Etrembières, Seynod, et Perrignier. De quoi satisfaire tout le monde.
Le projet Etrembières
Idéalement situé dans l'agglomération Annemassienne, au carrefour de Genève, Annecy et Thonon, le site proposé par monsieur Giacomini, maire de la commune, possède tous les arguments pour séduire à la fois des investisseurs et les supporters. Mais depuis quelques semaines, les rumeurs annonçaient que le projet était fortement compromis, et c'est monsieur Giacomini qui va nous confirmer cette information.
« Cette implantation n'est plus d'actualité depuis fin Décembre 2010. En effet, entre les contacts noués au tout début 2010, qui m'assuraient d'une installation sans coût pour Annemasse Agglo en charge du dossier et les demandes à honorer fin Décembre, pour recevoir le stade, l'écart est tel que le bureau communautaire où siègent les 12 communes de l'Agglo a renoncé, à l'UNANIMITE, à accueillir cette infrastructure. »
Le projet Seynod
Dire que l'annonce d'une éventuelle implantation du futur stade de l'ETG du coté de Seynod a participé à passionner les débats n'est sans doute pas exagéré. Encore plus distant des villes de Thonon et de Gaillard que le parc des sports d'Annecy, ce site fait avant tout jouer son positionnement idéal à proximité d'une agglomération peuplée, ainsi que l'ouverture qu'il offre sur les autres départements grâce à son nouvel échangeur autoroutier. Mais les informations concernant ce projet s'arrêtent là. Nous avons tenter de joindre la mairie de Seynod afin d'obtenir davantage de renseignements, mais celle-ci n'a pas répondu à notre demande.
De plus, souvent qualifié dans les discussions de site « favori » pour recevoir l'enceinte, le projet est curieusement fantomatique au niveau des médias et d'internet. Le seul élément que nous ayons obtenu sur le sujet nous est venu de la part d'un interlocuteur extérieur à ce site. D'après lui, et contrairement aux autres sites candidats, les promoteurs de l'infrastructure n'auraient pas rencontré madame la maire de Seynod. Malheureusement, sans réponse de la principale intéressée, nous ne sommes pas en mesure de pouvoir confirmer cette information, qui aurait malgré tout son importance dans le cas où elle s'avèrerait effectivement exacte.
Les projets Chablaisiens
Si il y a bien en revanche une implantation qui fait beaucoup parler, c'est celle qui concerne les différentes pistes Chablaisiennes. Deux sites sont à ce jour envisageables, Thonon et Perrignier.
Le projet Détraz
Situé dans le quartier de la grangette, à deux pas du stade Moynat, le projet Détraz défend l'idée d'une implantation au coeur de Thonon. La lecture du projet, en dehors de ses aspects techniques, semble offrir une alternative au dossier défini par les promoteurs dans le cahier des charges. Le stade du Chablais, nommé ainsi, serait avant tout un stade pour le Chablais, dans lequel l'ETG pourrait venir jouer et non pas le stade de l'ETG. Mais sortir du cadre du cahier des charges pose obligatoirement la question du financement d'une telle infrastructure. Marc Francina, député maire d'Evian et soutien de cette option, donnait récemment son avis sur la question. « Pourquoi ne pas mettre en place un partenariat public privé ... », « Le SIAC peut aussi mettre de l'argent au pot, c'est une infrastructure attractive pour l'ensemble du Chablais ».
Mais cette solution rencontre en parallèle de nombreuses critiques. Estimée irréalisable par Jean Denais, celui-ci nous a donné son point de vue sur la question. « Certains évoquent aujourd'hui la question sans connaître toujours tous les tenants et les aboutissants. C'est en fait un enjeu d'aménagement du territoire qui doit permettre que des projets structurants puissent voir le jour dans le Nord du département et plus particulièrement sur l'agglomération Thononaise, projet dont il faut apprécier la faisabilité. C'est pourquoi le projet dit "Détraz" ou de la Grangette, sans parler de l'aspect création d'une nouvelle gare CEVA totalement irréaliste, n'est pas aujourd'hui viable, car il englobe une grosse partie de terrains privés, qui ne pourront pas faire l'objet d'une expropriation, car ce genre de construction ne relève pas de l'intérêt public au sens de la réglementation. Donc continuer à défendre cette option et à s'entêter sur ce projet n'est pas raisonnable car cela revient à se tirer une balle dans le pied. »
Le projet Perrignier
Le projet d'implantation sur la commune de Perrignier est sans doute celui dont on entend le plus parler. Le site, situé entre Thonon et Annemasse, à proximité du futur axe de circulation Thonon – Machilly, constitue selon toute vraisemblance la plus grande chance pour le Chablais. Au problème rédhibitoire du désenclavement pour lequel on ignore encore les dates des travaux, les élus Chablaisiens apportent des arguments susceptibles d'intéresser les promoteurs. Tout d'abord, le SCOT, (schémas de cohérence territoriale), prévoit la capacité demandée en terme de surface commerciale. Ensuite, les prévisions de croissance démographique sur la région sont conséquentes, rendant ainsi potentiellement rentable une infrastructure de ce type aux portes de Thonon. De plus, et c'est le paradoxe, le positionnement du site, en dehors de la ville. Celui-ci devrait en effet être dans les années à venir desservi par la 2X2 voies précédemment évoquée, ainsi que par une gare CEVA, le rendant du coup parfaitement accessible. Enfin, le Chablais compte aussi sur l'aspect effectif, le club ayant son siège ainsi que son futur centre de formation du coté de Publier.
Selon Jean Denais, « Aujourd'hui l'ETG est en quelque sorte un projet social initié par Franck Riboud pour le Chablais autour des intérêts économiques et industriels du groupe Danone à Evian et Publier. J'estime qu'un club pour se pérenniser doit fidéliser un public et donc s'identifier à un territoire et son stade doit donc être proche de sa base. C'est la raison pour laquelle depuis plus d'un an j'ai réfléchi à une implantation d'un stade dans le Nord du département avec un site qui réponde aux contraintes de délai, de réalisation, d'accessibilité et de surfaces disponibles. Aujourd'hui seul Perrignier répond à toutes ces contraintes. »
Les autres projets
En plus des candidatures officialisées par le club, d'autres projets semblent également envisageables.
Tout d'abord, le site de Neydens, situé dans le Genevois. Un article de la tribune de Genève nous en apprend un peu plus à ce sujet.
« Depuis que Casoni, l'entraîneur de l'ETG-FC emmène régulièrement ses joueurs au Vitam'Parc de Neydens, le club haut savoyard classé 5eme au championnat de ligue 2 lorgne avec envie sur Archamps … du coté de Neydens-Cervonnex, au carrefour des autoroutes A40 et A41, au centre de La Porte Sud de Genève, 30 hectares sont réservés à une future zone d'activité liées à l'industrie, aux services et aux loisirs. C'est proche du Vitam'Parc et du Macumba. L'idée d'un stade de moyenne taille, 12'000 places, plus 4000 de parking y est envisageable. »
Ajoutons à cela la forte volonté de Franck Riboud d'aller jouer au stade de la Praille en fin de saison dernière, à quelques encablures de là, et l'option Neydens devient tout à fait sérieuse.
Le dernier site qui semble en course aujourd'hui se situe dans l'agglomération Annemassienne. Il s'agit, comme la rumeur le laissait entendre, de Ville la Grand. Monsieur Raymond Bardet, maire de la ville, nous l'a confirmé ;
« Des techniciens de cabinets commandités par DANONE sont revenus sur place pour y rencontrer les nôtres en fin janvier 2O11. A ce moment là, le stade de Ville-la-Grand était encore considéré comme pouvoir répondre. »
La mairie de Ville-la-Grand a ainsi ressorti les esquisses d'un ancien projet de stade de 16 000 places datant de 2005. Celui-ci a depuis été corrigé pour une capacité de 20 000 places. Le site défendu par Monsieur Bardet se trouve aux Verchères.
« Son emplacement en cœur d’AGGLO, la proximité immédiate de la voie ferrée (5Om) avec perspective d’arrêt possible du futur CEVA, les routes (5km de rues dans les zones d’activités) entre 7OOm et 2.OOOm du stade, la proximité de l’aérodrome, la double accessibilité et entrée des Verchères : l’existente plus une en chantier.»
Néanmoins, la zone en question ne possède pas la contenance souhaitée par Danone, et la mairie ne compte pas mettre un sous dans ce projet, si ce n'est pour l'entretien de la futur enceinte.
Le financement du Stade
Depuis le début de cet article, nous avons souvent évoqué les termes de promoteurs, ou investisseurs. L'emplacement du futur stade de l'ETG devant répondre à des contraintes de rentabilité, leur rôle paraît donc non seulement important, mais carrément décisif. Mais qui sont donc ces mystérieux investisseurs ?
Tout d'abord, le cabinet d'experts mandaté par le club serait le groupe Danone Immobilier. Son directeur, Monsieur Amiotte, suivrait le dossier personnellement. Danone va t-il donc financer le stade ? Il semblerait qu'à ce sujet la position de Franck Riboud soit la même que celle des collectivités, à savoir ne pas mettre un centime. La question de savoir qui paie se pose donc à nouveau. Nous n'en savons pas plus pour cette piste mais il se pourrait que la bonne question soit plus de savoir comment financer que qui finance. En effet, le projet de construction de la future enceinte inclut une grande superficie destinée au commerce. Selon certaines de nos sources, cette surface commerciale permettrait de payer les quelques 60 millions d'euros que couterait l'infrastructure.
Pour terminer, Monsieur Bardet nous a communiqué une information intéressante sur la propriété du futur stade.
« Nous avons confirmé être d’accord sur le principe de mettre l’emprise d’un futur stade en bail emphytéotique (soit une trentaine d’années à disposition). »
Le club ne serait donc pas totalement propriétaire du stade, ce qui semble confirmer l'idée que son financement n'est pas directement lié à l'investissement de différents privés, destinés à devenir gestionnaires mais plus à l'investissement d'enseignes commerciales et de loisirs dans le futur espace qui leur sera destiné. Le stade devrait alors en toute vraisemblance se construire dans une zone où la demande en la matière est forte et ou le SCOT le permet, à moins que les élus ne se décident à mettre la main à la poche.
Romain